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Médiation : avec Up Up And Away, artistes et amateurs expérimentent au Panthéon

Par Thomas Corlin | Le | Médiation

L’association Up Up And Away est une initiative rare mettant les musiques expérimentales au cœur de démarches socio-culturelles. Elle organise une après-midi de concerts le samedi 12 juin prochain, mêlant artistes et amateurs dans le monument patrimonial du Panthéon (Paris 5e), une première à la fois pour la structure et pour l’institution, d’après sa directrice Gwen du Couëdic.

La grande section de l’école Victor Hugo de Saint-Ouen en visite au Panthéon avant le concert. - © Jérôme Panconi
La grande section de l’école Victor Hugo de Saint-Ouen en visite au Panthéon avant le concert. - © Jérôme Panconi

De quel désir est né l’association Up Up And Away ? 

Au fil de ma trajectoire et de mes collaborations, s’est nourrie une réflexion autour de la place du spectateur, de l’artiste et des musiques contemporaines. Dans le cadre d’une résidence financée par le CNV à Mains d’Œuvre (Seine-Saint-Denis), nous avions mis en place l’Ovni, un orchestre participatif réunissant des publics divers, sans aptitude musicale. J’ai voulu pousser l’expérience plus loin et monter davantage d’ateliers autour de la pratique d’instruments, de la musique libre et de la coopération sociale. 

Après un temps de rejet, les jeunes se prêtent au jeu de ces musiques.

L’implantation dans un des locaux temporaires de Curry Vavart a été déterminante à plusieurs titres, puisque l’action de l’association se veut territoriale et militante. En tapant aux portes, des projets se sont montés avec différents acteurs sociaux. Des centres de loisir, des établissements scolaires, mais aussi l’association Cultures du Cœur ou le Centre d’Accueil Thérapeutique à temps partiel (CATTP) de Saint-Ouen, ont tous enclenché des projets avec Up Up And Away. Nous avons par exemple travaillé avec des adolescents déscolarisés (MECS Martin Luther King à Saint-Denis), ou avec des établissements scolaires telle que l’école Victor Hugo (Saint-Ouen), ou encore la Maison de Quartier de la Plaine (Saint-Denis). J’ai en projet de créer davantage de liens avec des travailleurs sociaux qui accompagnent des exilés, pour étendre le champ d’action de ces musiques. L’association reçoit le soutien de la Ville de Saint-Ouen, la DRAC, de la CAF 93 (avec un bilan d’évaluation sensible d’action mené par des étudiants de Seine-Saint-Denis), des Fabriques à Musique de la Sacem et du fonds Quartiers Solidaires du département de la Seine-Saint-Denis et le Conseil Départemental 93.

Comment les élèves réceptionnent-ils ce type de musique ? 

Les adolescents ont tout d’abord tendance à rejeter ce style musical puis, quand il leur expliqué qu’il n’y a pas de pré-requis, qu’il s’agit d’un travail collectif pour développer leur créativité et s’exprimer, ils se prennent au jeu et un vocabulaire commun se met en place. Les plus jeunes ont d’emblée moins de barrières. Quelques-uns se sont engagés dans la pratique d’un instrument, la trompette en l’occurrence, suite à un de nos stages. C’est aussi cette pratique là qui donne lieu à une expérience comme celle qui se tient au Panthéon, et qui peut les marquer durablement.

Le Panthéon est un lieu patrimonial et touristique en plein centre de Paris, peu connu pour sa programmation de concerts. Comment l’association a-t-elle pu y organiser un événement de ce type ?

Il s’agit d’une rencontre qui s’est faite au bon moment. Le responsable des programmes culturels Edouard Bueno souhaite renouveler la programmation artistique de l’institution, qui proposait déjà néanmoins des concerts classiques et des expositions. Il a été très réceptif à notre objectif de mettre la médiation au cœur de la création musicale. Le grand public peut avoir accès au concert sur simple achat d’un ticket d’entrée (à 11,50 euros, avec des gratuités ou tarifs réduits). Le concert a lieu dans le transept nord du Panthéon, et sera filmé par une équipe avec le soutien de la Sacem dans le cadre des Fabriques à Musique Contemporaine.

L’artiste Méryll Ampe, le quatuor Umlaut et Joris Rühl joueront sous deux formats : celui de la restitution des travaux avec les scolaires, puis celui du concert. La jauge est limitée à 75 % et nous accueillons déjà près de 200 personnes en comptant les élèves, les membres de leur famille et les équipes pédagogiques.