Production

Danse : au CCN2 de Grenoble, les modes de production se diversifient

Par Thomas Corlin | Le | Lieux, résidences, locaux de répétition

Au Centre Chorégraphique National de Grenoble (Isère), niché dans la scène nationale MC2, un changement se fait sentir autant dans les logiques de diffusion que de production. Son directeur, le metteur en scène Yoann Bourgeois, témoigne de ce tournant à l’échelle du lieu comme de sa compagnie.

Un des studios du CCN2 de Grenoble.  - © D.R.
Un des studios du CCN2 de Grenoble. - © D.R.

L’expérience de la crise a-t-elle changé vos pratiques en tant que centre de création ? 

Nous avons en fait renforcé notre accompagnement d’artistes et augmenté notre enveloppe pour la vie de notre studio de création. Nous accueillons plus d’artistes cette année que les années précédentes. 

L’endroit où les logiques changent, c’est en diffusion. Le CCN2 n’est pas, à proprement parler, un lieu de diffusion, nous ne proposons que quelques sorties de résidence. En revanche, nous travaillons désormais davantage la stratégie de diffusion des créations que nous accompagnons, en particulier sur le territoire. Nous avions dédié une enveloppe au développement du travail chorégraphique avec des lieux partenaires, incluant parfois des co-réalisations. 

Il y a eu une remise en question du calendrier et des stratégies de création et de diffusion. Les co-constructions de projets sont plus courantes, et les temps d’accueil plus longs sont encouragés. Il s’agit aussi de faire plus de projets « in situ », conçus sur mesure pour les lieux et les territoires. 

Au quotidien, les protocoles sanitaires ont-ils compliqué le travail de plateau ? 

En fin de compte, l’adaptation aux protocoles a été intégrée à la routine de notre métier, particulièrement entre danseurs. Nous nous sommes responsabilisés et, au niveau humain, il n’y a pas eu de complication. 

Il y a eu une remise en question du calendrier.

C’est en fin de compte la limitation des transports qui nous a le plus empêché : l’approvisionnement en matériaux pour la construction de décors a été retardé, et les productions de spectacle, par conséquent. Les prix de certaines ressource ont aussi doublé, fragilisant nos budgets.

Mis à part cela, c’est aussi le télétravail qui a changé la donne et nous savons en tirer profit en passant certaines missions à distance quand cela est possible. 

Dans les méthodes de production, comment l’activité reprend-elle ? 

Il y a une diversification des sollicitations, des endroits dont viennent les propositions, des méthodes de co-production. Je reçois de plus en plus de demandes du côté de l’art, de l’événementiel, mais aussi de la mode, qui s’intéresse toujours plus à la danse. Il semblerait que la dimension expérientielle de la danse attire de plus en plus, et la déplace dans d’autres champs, d’autres situations. Nous collaborons aussi avec des artistes d’autres réseaux, ce qui n’arrivait pas autant auparavant. C’est aussi l’image qui prend de plus en plus de place : j’ai multiplié, avec ma compagnie, les créations pour des vidéo clips, notamment pour le domaine musical. 

Je relève aussi un désir de sortir des murs de nos salles et de nos studios, en investissant d’autres lieux. Ma prochaine création prendra la forme d’un parcours d’expériences qui débordera de l’espace classique de représentation, pour aller dans des maisons.