Production

Musées : première exposition « à scénographie durable » au Palais de Beaux Arts de Lille

Par Thomas Corlin | Le | Éco-responsabilité

L’exposition « Expérience Goya », à découvrir au Palais de Beaux Arts de Lille (Nord) jusqu’au 14 février 2022, est la première exposition que le musée réalise dans une démarche éco-responsable.

Le lieu prévoit de réutiliser jusqu’à 70 % des éléments produits sur l’exposition suivante. - © Charles Delcourt/Palais des Beaux-Arts de Lille
Le lieu prévoit de réutiliser jusqu’à 70 % des éléments produits sur l’exposition suivante. - © Charles Delcourt/Palais des Beaux-Arts de Lille

Les pratiques éco-vertueuses font leur chemin dans le quotidien de la culture, notamment dans la régie d’exposition. Le Palais des Beaux Arts de Lille en fournit actuellement un bel exemple avec « Expérience Goya », une exposition immersive co-produite avec la RMN-GP, qui a intégré autant d’impératifs éco-responsables que possible dans son cahier des charges. Elle réunit 80 œuvres du peintre espagnol et propose une dimension « esthétique et sensorielle », ainsi que des projections synchronisées et sonores.

La scénographe Maciek Fiszer, la cheffe de projet à la RMN-GP Christelle Terrier et les deux cheffes de projet Expositions temporaires au PBA Lille, Ismène Bouatouch et Camille Palopoli, ont détaillé les étapes de cette expérience, une première dans cet établissement. 

  • Des panneaux courbes conçus pour être démontés et réutilisés : une rotonde de 170 m2 domine l’exposition et elle a été montée grâce à 31 panneaux courbes, auto-stables et modulables, entièrement modulables - tout comme les éléments de menuiserie et le sas de sortie de l’exposition.
  • Intégration de l’éco-conception dans la publication du marché : la dimension écologique du projet était clairement établie dans l’appel à projets, 
  • Des cimaises droites réutilisables : le PAB de Lille avait déjà l’habitude de fonctionner ainsi et réalise une « économie substantielle sur la durée d’à peu près 40 % de la valeur de ces éléments » - malgré un coût de production et de déplacement plus élevé.
  • Limitation de l’utilisation du plexiglas et des PMMA : ces matériaux peu recyclables n’ont été utilisés qu’en cas de nécessité technique sur certaines installations, notamment pour leur légèreté. Le verre a été privilégié. 
  • Optimisation des ressources propres au musée en lumière et en audiovisuel : les limites des moyens du PAB ont été prises en compte très en amont du montage de l’exposition.
  • Le bois privilégié, et de provenance française : il répond à la norme FSC/PEFC. Le PBA Lille souhaite appliquer ces mêmes critères aux autres matériaux employés dans la production des expositions à venir. 
  • Un bilan matière : la société Aténia, qui a remporté l’appel à projets, a réuni les données de production pour réaliser un bilan matière complet de l’opération, attestant qu’elle respectait les ambitions du donneur d’ordre en termes de durabilité. Le paiement des prestations a été conditionné à la bonne remise de ces données.
  • 20 à 30 % de coûts supplémentaires par rapport à une scénographie classique : les matériaux bio-sourcés et le démontage d’une exposition éco-conçue sont généralement plus onéreux. Un investissement supplémentaire en temps et réflexion est aussi à prendre en compte. 
  • 60 à 70 % d’éléments recyclés sur la prochaine exposition : c’est l’objectif que se sont fixés le PAB de Lille et la RMN-GP pour leur prochaine coproduction, l’exposition « La Forêt Magique », qui se tiendra du 13 mai au 18 septembre 2022.