Éco-responsabilité : comment réduire son bilan carbone avec la startup WeCount
Par Thomas Corlin | Le | Éco-responsabilité
Certes moins énergivore que d’autres secteurs, la culture amorce sa mutation vers le développement durable. La start-up lyonnaise WeCount a accompagné une douzaine de structures de la filière dans l’amélioration de leur bilan carbone et envisage une nouvelle promotion dédiée, d’après la consultante Charlotte Szylit.
Que représente la filière culture en terme d’émission carbone ?
La culture subit des injonctions contradictoires qui limitent son action dans le domaine, selon ce qui est remonté de nos ateliers de travail..
Son impact est limité par rapport à d’autres secteurs, mais cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas s’en occuper pour autant. Son principal poste d’émission est le transport - transport de public, de personnel, d’artistes - et il n’est pas forcément évident à réduire, notamment pour les lieux éloignés des ensembles urbains.
Elle appartient aux secteurs dont le bilan est minime en comparaison, par exemple, à l’industrie, mais son potentiel est énorme en terme de communication, de relais, de sensibilisation. Elle est proche, à ce titre, de l’enseignement supérieur, qui n’est pas un gros émetteur, mais touche énormément de monde.
Son public, ses fournisseurs, ses artistes, ses professionnels représentent une masse de gens que la culture permet de toucher directement. Souvent, les gérants du spectacle prennent quelques minutes pour expliquer leur démarche avant une représentation, les artistes communiquent aussi sur ce thème, et tout ceci est propre à ce secteur.
Est-ce un champ particulièrement réceptif à la question environnementale ?
Il serait difficile de juger qu’un secteur l’est plus ou moins car cela dépend beaucoup de la culture de telle ou telle entreprise, mais j’ai relevé que la culture était très sensible et mobilisée. Le fait d’avoir été jugés « non essentiels » pendant la pandémie a blessé les professionnels concernés, et redouble leur envie de jouer un rôle dans les enjeux contemporains, l’environnement en premier lieu.
En revanche, la culture subit des injonctions contradictoires qui limitent son action dans le domaine, selon ce qui est remonté de nos ateliers de travail. Limiter leur impact, ralentir les cadences, le volume de programmation, comme l’exigent les critères du développement durable, entre en contradictions avec leurs missions, consistant à attirer toujours plus de spectateurs, à programmer plus, à faire davantage tourner les créations, dont dépend l’attribution de ses financements.
Quels sont ses leviers d’action ?
Notre outil et notre accompagnement permettent tout d’abord de déterminer l’ordre de grandeur de son impact carbone. Dans le cas de la culture, cela est peut-être moins évident que dans d’autres secteurs : beaucoup de locaux sont mis à disposition, les données sur l’électricité et l’efficacité énergétique en général ne sont donc pas toujours simples à obtenir.
Parmi des mesures plus exigeantes figure la mise en place d’une ligne de bus pour les déplacements du public, qui exige de demander plus de moyens aux pouvoirs publics.
La stratégie climat que nous les aidons à mettre en place dépend d’actions plus ou moins évidentes à mettre en œuvre. Parmi les plus évidentes, le remplacement des gobelets en plastique par des éco-cups est déjà courante, tout comme la gestion de l’eau ou des déchets. Parmi des mesures plus exigeantes figure la mise en place d’une ligne de bus pour les déplacements du public, qui exige de demander plus de moyens aux pouvoirs publics, ou d’organiser une baisse de la consommation de chauffage avec son bailleur (un décret existe pourtant, qui impose une baisse de 40 % sur l’énergie dépensée dans les bâtiments de plus de 1 000 m2).
Quelles formules propose WeCount et quel budget faut-il y consacrer ?
Nous proposons d’abord un outil en ligne qui permet de calculer et gérer ses dépenses énergétiques. Cette plateforme est accessible à partir de 100 € par mois selon la taille de la structure, et nécessite un engagement de trois mois minimum.
Nos formules d’accompagnement varient : elles s’adressent parfois à différents secteurs en même temps, ou réunissent une douzaine de structures du même secteur en une seule promotion, comme ce fut le cas en Auvergne-Rhône-Alpes récemment, sur l’initiative de l’Agence régionale du spectacle vivant. Elles consistent en des séances collectives en présentiel et un accompagnement hebdomadaire en visio. Nous avons déjà reçu quelques sollicitations pour organiser une nouvelle promotion culture.
L’accompagnement s’élève à 8 000 €. L’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie (ADEME) en finançait une partie, à hauteur de 5 000 €, dans le cadre du plan France Relance, mais cette aide est pour l’instant suspendue.