Production

Théâtre : à Rennes, le TNB change ses habitudes et renoue avec son public

Par Thomas Corlin | Le | Diffusion, booking

Le travail de permanence pendant les temps de fermeture et les nouvelles formules de billetterie ont aidé le CDN de Rennes (Ille-et-Vilaine), le Théâtre National de Bretagne, à retrouver le gros de son public. Après une rentrée enthousiasmante, son directeur Arthur Nauzyciel espère que la tendance se confirmera sur l’hiver.

Le TNB a rouvert début septembre, avec 3 semaines d’avance. - © Gwendal Leflem
Le TNB a rouvert début septembre, avec 3 semaines d’avance. - © Gwendal Leflem

Comment se présente la rentrée du TNB ?

Nous avons ouvert trois semaines en avance, avec des petites formes, des propositions plus inattendues et nous avons rallongé le temps de séries sur des plus gros spectacles.

Nous ne voulons pas être triomphants, mais nous sommes satisfaits. Nous avons autant que possible anticipé que le public ne reviendrait pas comme si de rien n’était, qu’il fallait rouvrir différemment. D’abord, par l’étendue des activités que nous avons maintenues pendant que le théâtre était fermé et un travail de communication pour les rendre visibles (un journal en ligne, que d’ailleurs nous conservons), nous avons pu accompagner cette reprise. Ensuite, cet été, des expériences de programmation nous ont informé sur les nouvelles habitudes du public. Sur trois spectacles présentés mi-juillet dans le cadre d’Africa 2020, celui de Victor De Oliveira a rassemblé 700 spectateurs en dernière minute, alors que nous ne comptions que 150 réservations. À cette occasion, nous avons pu attirer l’attention du public sur l’automne. 

Nous avons ouvert trois semaines en avance, avec des petites formes, des propositions plus inattendues et nous avons rallongé le temps de séries sur des plus gros spectacles. Le public ne revient pas d’un coup, il faut laisser agir le bouche-à-oreille. Lors de notre présentation de saison, nous avons uniquement mis en avant la programmation d’automne, sans insister sur le reste de l’année. Par ailleurs, nous n’avons pas surchargé notre saison : nous avons pu y intégrer la plupart des reports et des créations que nous soutenons, sans amplifier le nombre de représentations et de spectacles.

La proposition de rentrée a été aussi diverse que possible, avec des spectacles assez originaux d’un côté, et une production d’envergure servie par une distribution opulente sur la grande salle, et le public y répond plutôt bien - pour l’instant. Les jauges de 300 se remplissent aisément et Quai Ouest de Ludovic Lagarde remplit la grande salle aux deux tiers, ce qui est convenable. En comparaison avec nos deux salles de cinéma, dont la fréquentation n’a pas repris depuis son effondrement avec l’application du pass sanitaire, notre activité théâtrale se porte très bien. 

Avez-vous réadapté votre billetterie pour l’occasion ? 

Nous proposons maintenant des cartes qui donnent accès à des places à tarif réduit, des priorités de réservations, des boissons, des master-class, etc. Nous voulons stimuler une idée d’adhésion.

Le gros changement est l’abandon des abonnements, qui ne correspondent plus du tout aux habitudes du public - sans compter que les expériences de remboursements successifs ont épuisé nos équipes. Nous proposons maintenant des cartes qui donnent accès à des places à tarif réduit, des priorités de réservation en placement libre, des boissons gratuites au bar, des master-class, rencontres, ateliers amateurs, etc. Nous voulons stimuler une idée d’adhésion. 

Nous avons vendu 3 500 de ces cartes et il y a eu 18 000 réservations de spectacles en trois semaines. Il est difficile de comparer ces chiffres avec le système d’abonnement précédent, mais l’un dans l’autre il s’agit d’un trafic équivalent. 

Comment se présente le reste de la saison pour l’instant ? 

C’est très difficile à prévoir, d’autant qu’avec ce nouveau système de carte, nous préfigurons bien moins le comportement des spectateurs, qui n’ont plus aucune envie de réserver un spectacle pour avril prochain par exemple. Nous pouvons juste dire que nous revoyons enfin le public étudiant dans nos salles, par exemple. Le public reprend-il vraiment des habitudes sur le long terme ? Ou disparaîtra-t-il cet hiver au profit de l’offre numérique ? C’est désormais imprévisible. 

Nous avons reporté notre Festival TNB, qui se tiendra donc en novembre. Il propose une trentaine de créations avec une diversité de formes, c’est un précipité de notre saison. Nous le projetons comme un moment convivial et festif et nous pourrons alors peut-être déterminer si le public est réellement au rendez-vous sur le long terme.