Production

Smac : le renouveau du public, axe majeur de la nouvelle directrice du Grand Mix à Tourcoing

Par Thomas Corlin | Le | Diffusion, booking

Issue de la structure de production À Gauche de la Lune, Élise Vanderhaegen prend la tête du Grand Mix (Nord), qui sort de deux ans de travaux et deux ans de pandémie. Remise à neuf, la SMAC de Tourcoing est mieux aménagée pour s’ouvrir à de nouveaux publics.

Le Grand Mix dispose d’une salle de 650 personnes, et d’un club de 300. - © Emmanuel Poteau
Le Grand Mix dispose d’une salle de 650 personnes, et d’un club de 300. - © Emmanuel Poteau

Comment le Grand Mix se remet des turbulences de la crise ? 

Plutôt bien, comparativement à ce qu’ont pu connaître d’autres lieux. L’équipe a gardé une forte dynamique, donc je ne prends pas la tête d’une salle en perte de vitesse. La dernière période de restrictions a néanmoins sérieusement affecté la programmation. Le Grand Mix étant situé entre plusieurs capitales, nous captons de nombreux groupes internationaux. Ceux qui étaient programmés sur cette période ont dû annuler entièrement leurs tournées du fait des diverses contraintes sanitaires qui s’appliquaient dans les pays traversés. 

Une génération est entrée dans l’âge adulte sans connaître l’expérience des concerts.

Nous n’avons pu conserver que les auditions des Inouïs sur janvier, auxquelles s’ajoutent de nouvelles dates en février pour marquer la réouverture, des événements conviviaux avec des groupes locaux, afin de bien signaler que nous reprenons en pleine activité. Nous avons évité la saturation sur l’automne, et c’est aussi le cas sur le reste de la saison. Nous avons également su rester proches de notre ligne artistique, même si l’équilibre entre femmes et hommes n’y est plus, hélas. Nous reprendrons pleinement la main sur notre affiche à partir de septembre 2022. 

Qu’en est-il de la fréquentation du public ? 

Là aussi, nous avons peut-être moins souffert que d’autres lieux. Sur l’automne, le Grand Mix a affiché complet quelques fois et témoigné du retour d’un public fidèle. En revanche, la reprise de la billetterie sur le printemps est lente, suite aux dernières restrictions. 

Il y a encore dans le public une grande confusion au sujet des mesures sanitaires, qui requiert de notre part un effort de pédagogie et de communication. Sur les quelques dates qui ont été maintenues en assis, j’ai échangé avec plusieurs spectateurs qui n’avaient pas compris que la configuration de l’événement serait ainsi. 

Quels sont vos axes de travail à la tête de ce lieu ?

J’ai la chance d’entrer en poste durant ce qui semble être la fin de la crise sanitaire. Le Grand Mix sort de deux périodes de fermeture : une pour travaux, longue de deux ans, puis celle de la pandémie, qui s’achève désormais. L’espace est donc neuf, avec un nouveau club, et surtout un restaurant, ce qui n’est pas fréquent pour une Smac. Nous disposons aussi d’un studio d’enregistrement et d’espaces de répétition qui peuvent être transformés en outils de professionnalisation. Tous ces éléments n’ont pas encore eu l’occasion d’être activés en même temps. 

Élise Vanderhaegen - © D.R.
Élise Vanderhaegen - © D.R.

Ce qui m’importe pour cette réouverture, c’est d’installer le Grand Mix comme un lieu de vie pour la cité, à la fois en accueillant des associations et des événements qui ne sont pas essentiellement musicaux (tout en gardant la musique comme fil rouge, naturellement), et en travaillant la convivialité et l’ouverture. 

La relation avec les publics est l’enjeu principal de cette réouverture. Une génération est entrée dans l’âge adulte sans connaître l’expérience des concerts, et nous devons rattraper cela. Nous devons œuvrer à réintégrer le « réflexe concert » dans la vie étudiante et lycéenne. Cela se fait déjà en guidant les 16-25 chez nous lors d’occasions initiées par des institutions, mais il faut faciliter l’accès pour que fréquenter le Grand Mix soit le plus spontané possible. Notre tarification à 5 € jusqu’à 18 ans est un premier pas vers cela.

Qu’est-ce qui vous a guidé vers ce poste ? 

J’ai étudié à la fois la gestion de projets musicaux et la médiation culturelle, puis eu une expérience au CDN de Sartrouville. J’ai ensuite découvert la sphère des musiques actuelles en travaillant neuf ans chez le producteur de spectacles À Gauche de la Lune, implanté dans le Nord, à des postes aussi divers que la communication, le booking ou la production. Je me suis familiarisée avec le Grand Mix et son équipe en travaillant dans cette structure - les deux entités collaborent ensemble sur le festival Pzzzl. La taille et l’ancrage local du Grand Mix m’attirent, ainsi que le défi de la direction d’un tel équipement, qui est une première pour moi. Je n’aurais pas imaginé prendre les rennes d’un lieu plus grand.