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Vercors : quelle reprise pour le Cairn, lieu culturel en zone rurale ?

Par Thomas Corlin | Le | Diffusion, booking

À Lans-en-Vercors (Isère), l’équipement culturel public le Cairn qui propose une médiathèque, un cinéma et une programmation de spectacles, prépare sa réouverture pour juin, une fois les jauges à 65 % autorisées. Dates transformées en résidences, réservations payables seulement au guichet : sa directrice Marie Gallienne détaille les choix de réouverture du lieu.

La salle de spectacle du Cairn. - © Cairn
La salle de spectacle du Cairn. - © Cairn

Comment le Cairn aborde-t-il la reprise de la vie culturelle ? 

Nous reprenons notre programmation à partir du mois de juin avec des projets qui ont une forte dimension pédagogique, afin de profiter des jauges à 65 %. Des spectacles étaient prévus auparavant pour les scolaires, mais avec cette capacité nous n’aurions pu accueillir qu’une classe sur trois, ce qui n’aurait plus fait sens. 

Cet été, nous laissons les offices du tourisme déployer leur propre programmation, mais nous accueillons quelques dates du festival de classique Musiques-en-Vercors

Nous avons fait le pari que nous pourrions jouer normalement en salle.

Un protocole spécifique a été mis en place concernant la billetterie, afin d’épargner à nos équipes la gestion des remboursements de dernière minute (pour cause de cas-contacts, etc). Ainsi, seules les réservations non payées sont disponibles par téléphone, ce sont en quelques sortes des options, qu’il faut régler sur place 45 minutes avant le spectacle. Concernant la saison prochaine, nous hésitons encore à n’ouvrir à la réservation que la première moitié de la programmation, et non la totalité. 

D’autres structures ont privilégié des formes de spectacle adaptables au plein air, mais nous avons fait le pari que nous pourrions jouer normalement en salle.

Comment travaillez-vous le retour du public ?

Nous n’avons pas de doute sur son désir de revenir, et nous attendons à une forte affluence dans un premier temps. Nous craignons cependant que cette tendance retombe, notamment si des mesures sanitaires comme le masque sont levées en extérieur, mais maintenues en intérieur. Il se peut que nos propositions de spectacles attirent davantage que celles en cinéma, puisque les gens ont envie de voir des formes vivantes sur un plateau, et non des films, puisque ceux-ci étaient déjà disponibles à domicile pendant les confinements. 

Perdrons-nous une partie de notre public ?

La période de réouverture de septembre-octobre 2020 nous a permis d’observer le comportement du public en période de crise : en septembre, une demande forte se faisait sentir et l’ambiance était très enjouée, mais lorsque la situation sanitaire s’est dégradée, nous l’avons tout de suite remarqué.

Le Cairn n’existe que depuis 2015, et ne propose une programmation que depuis 2017, à l’adresse d’un public principalement familial. C’est une offre encore jeune, que le public a identifiée depuis seulement quelques saisons. Nous prévoyons de reconduire gratuitement les cartes d’abonnement sur la saison prochaine. Mais nous nous interrogeons : perdrons-nous une partie de notre public ? Faudra-t-il refaire tout ce travail ? Également, nos bénévoles seront-ils toujours au rendez-vous ?

Qu’avez-vous conservé parmi vos spectacles annulés ? 

Dans un premier temps nous annulions au cas par cas puis, à la demande des compagnies qui souhaitaient plus de visibilité, nous avons annulé toutes les dates de janvier à fin avril. Nous avons pratiquement tout reporté, et certaines dates se sont transformés en résidences, comme dans le cas du groupe les Ogres de Barback, qui devait jouer début mai. 

Curieusement, un nouveau lien, plus personnel, se crée avec les artistes. Avant, nous les avions rapidement au téléphone, puis ils passaient pour leurs dates, et c’était pour ainsi dire tout. Désormais, la communication régulière que nous avons eu avec eux crée un autre engagement.