Production

Musiques actuelles : reprise en plusieurs temps à la Carène (Finistère)

Par Thomas Corlin | Le | Diffusion, booking

Après quelques essais sur des événements cet été, la Carène, scène de musiques actuelles non labellisée à Brest (Finistère) reprend sa programmation normale, et le public y répond par à-coups, d’après son directeur Gwenn Potard.

À Brest, le porte du masque est encore obligatoire en intérieur. - © Ray Flex
À Brest, le porte du masque est encore obligatoire en intérieur. - © Ray Flex

Comment avez-vous adapté votre programmation pour cette rentrée particulière ? 

Tout ceci laisse forcément beaucoup de place aux artistes nationaux, qui reviennent en force.

Sur septembre, nous sommes restés prudents en ne programmant que des spectacles potentiellement transposables en configuration assise. Nous avons aussi veillé à équilibrer entre reports et nouvelles dates. Concernant les internationaux, les tourneurs sont eux-mêmes frileux et ne nous sollicitent pas particulièrement. Nous en avons tout de même programmés, avec plus ou moins de succès. Par exemple, l’artiste allemand Apparat a souhaité faire une mini-tournée française et nous avons saisi l’occasion parce que nous n’avions pas programmé d’artiste de cette envergure depuis longtemps.. En l’occurrence, c’est une date à perte, et nous nous en doutions. La date aurait nécessité plus de préparation, plus de promotion et un contexte plus propice, mais c’était important de la faire malgré tout.

En novembre, pour le festival Les Invisibles, le groupe britannique A Certain Ratio jouera. C’est un groupe culte à son échelle et la situation sera, espérons-le, d’autant plus favorable d’ici là, et la date devrait donc rentrer dans ses frais. En parallèle, tout ceci laisse forcément beaucoup de place aux artistes nationaux, qui reviennent en force. 

Vos méthodes de communication sont-elles restées les mêmes ? 

Nous retenons et décalons beaucoup, en l’attente de conditions plus propices. Nos compagnes d’affichage ont été retardées, nos achats d’encarts aussi, alors que nous sommes normalement très présents dès l’été (en particulier sur des festivals dont beaucoup n’ont pas pu avoir lieu), et lançons tout cela dès juillet. Nous enclenchons tout juste notre notre communication maintenant.

Comment le public se comporte-t-il face à cette offre ? 

La courbe est inhabituelle, c’était prévisible. Certaines têtes d’affiche se distinguent nettement, même lorsqu’il s’agit d’un second report de date. Une date comme celle de Clara Luciani reste constamment sold out, les quelques remboursements étant à chaque fois rattrapés lors des remises en vente. Sur fin 2021 ou 2022, les grosses dates partent très vite en vente, nous le voyons sur Gaël Faye ou Feu ! Chatterton, alors que sur le début de saison, c’est beaucoup plus poussif, la confiance n’est pas encore totalement revenue dans l’immédiat. 

Les dispositifs sanitaires interfèrent-ils encore avec votre activité de diffusion ? 

Nous ne sommes plus dans la situation de cet été, où la confusion régnait. Nous avons essuyé les plâtres sur quelques dates co-organisées avec le festival Astropolis en juillet : des spectateurs se présentaient avec une seule dose de vaccin, d’autres venaient pour manifester leur mécontentement, des événements sur un week-end entier pouvaient nécessiter plusieurs tests, etc. Désormais, le cadre est connu de tous, et les spectateurs viennent pour rentrer en salle. 

Les réservations sur septembre sont poussives.

En revanche, les disparités de mesures selon les territoires rendent les protocoles indéchiffrables au public. À Brest, il a été décidé que le port du masque était à nouveau obligatoire, à l’exception des espaces de bar et de restauration… Non seulement ceci est techniquement difficile à appliquer, même pour notre public local, mais ça l’est encore plus pour des spectateurs venus de Rennes par exemple, où les règles sont encore différentes. Nous avons espoir que tout ceci s’harmonise, notamment avec les bons chiffres de la situation sanitaire dans notre région.

La Carène est certes un lieu bénéficiant de financements publics, son équilibre est-il toujours garanti ? 

Nous avons de nombreux moyens de l’État et fonctionnons comme une SMAC, même si nous n’en avons pas le label. Nous avons profité des exonérations de cotisations sociales, de l’assurance annulation, des aides de l’État, et nous sommes encore à l’équilibre. Nous piochons dans nos réserves pour compenser les dates à perte de cette rentrée, mais nous ne sommes pas en danger financier. Il est aussi à noter que les divers protocoles sanitaires et contrôles de pass, qui nécessitent l’embauche de personnel et l’achat de matériel, se font sur notre budget.