Musique live : un rapport chiffre l’impact de la crise sur le circuit européen
Par Thomas Corlin | Le | Diffusion, booking
Le réseau européen des salles de concert, clubs et festivals Live DMA publie un premier rapport détaillant, chiffres en main, l’impact de la pandémie dans le secteur de la musique live.
C’est à la fin du bal qu’on paye les musiciens - pour peu qu’ils aient pu jouer. Ainsi, après deux ans d’une pandémie dont les arts vivants comptent parmi les victimes les plus exposées, les différentes filières disposent enfin d’assez de données pour dresser un tableau détaillé de l’impact qu’elle aura eu sur leur activité - et comme prévu, il n’est pas léger.
Live DMA est un réseau européen qui compte 3 253 salles de concerts et clubs. Le rapport qu’il publie s’appuie sur des données précises concernant l’année 2020, d’autres encore lacunaires sur 2021. Néanmoins, elles permettent un calcul fidèle des dégâts qu’auront causé deux ans d’empêchement et d’activité dégradée sur le marché du live en Europe.
Parmi ces chiffres :
- Il y a eu 78 % de concerts organisés en moins, ce qui représente 1,9 millions de représentations artistiques.
- Et donc 141 millions de spectateurs en moins.
- La baisse de fréquentation est de 77 % en 2020, et elle se chiffre pour l’instant à 83 % en 2021.
Économiquement, sont relevés :
- 730 M€ de coûts de programmation en moins.
- 66 % de baisse des produits des salles de concert et clubs.
- 78 % de baisse des produits propres de ces lieux (hors subventions).
- Ce qui représente 3,1 milliards d’euros, dont 1,3 de recettes de billetterie et 1,4 de recettes de bar et restauration.
- Les pertes sont plus importantes en 2021 qu’en 2020.
- Elles sont naturellement plus sévères « pour les salles de concerts et clubs privés commerciaux, et pour les lieux à jauge importante gérés par des associations à but non lucratif, qui dépendent généralement davantage de recettes propres et d’une part moins importante de subventions ».
- Une aide gouvernementale « insuffisante dans la plupart des pays européens », qui « devrait s’étendre au moins jusqu’à l’été 2022. »
En terme d’impact social :
- Des milliers d’emplois permanents ont été perdus, et avec eux les compétences et l’expérience de celles et ceux qui les occupaient.
- Des millions d’heures de travail pour les indépendants.
- Le désengagement de milliers de bénévoles, parfois définitif.
- Des répercussions graves sur tout le réseau des fournisseurs et prestataires liés au secteur.
Du côté des artistes :
- Une reprise lente du fait de la « fragilisation structurelle » du secteur.
- Une génération d’émergents qui n’a pas rencontré de public.
- La circulation des artistes à l’international contrainte sur le long terme.