FGO-Barbara/Trois Baudets : programmation virtuelle jusqu’à nouvel ordre
Par Thomas Corlin | Le | Diffusion, booking
En charge de la gestion commune des Trois Baudets et de FGO-Barbara, la structure Madline envisage une programmation hivernale principalement en ligne et concentrée sur des événements lisibles pour faciliter la communication. Des méthodes héritées d’une année « quasi-blanche » pour la profession, d’après Naima Bourgaut, moitié du binôme à la tête des deux lieux.
Suite à la prolongation de la fermeture des lieux culturels le 15 décembre dernier, comment avez-vous réajusté les activités de FGO-Barbara et des Trois Baudets ?
Pour être honnête, nous ne croyions guère en une réouverture à la mi-décembre : nous avons appris à être plus réalistes, les chiffres étaient mauvais, et une réouverture avant les vacances de Noël n’était pas non plus idéale. Bien sûr, il nous est vital de retrouver notre public et nous nous étions organisés dans l’éventualité de pouvoir le faire.
Ainsi nous avions établi quatre mois de programmation sur les deux lieux depuis septembre, et nous l’avons articulée autour de temps forts pour faciliter la visibilité de nos actions. Au final, nous avons pu tout de même recevoir du public à quelques occasions, ce qui a été bénéfique notamment pour nos équipes, malgré les masques et les jauges limitées.
Une réouverture avant les vacances de Noël n’était pas non plus idéale.
Nous avions imaginé des événements en présentiel, notamment le festival d’émergence Ici Demain qui devait se déployer dans tous les espaces de nos lieux mais aussi en extérieur, en collaboration avec d’autres structures et bars culturels du quartier. L’instauration du couvre-feu nous a laissé présagé de la suite, et nous avons alors basculé tous les événements en virtuel, et concentré nos efforts de communication et de production sur des formes « événementialisées », comme Ici Demain, puis Trois Deux Un Live, des mini-résidences livestreamées aux Trois Baudets, et Avant l’Après, un calendrier de l’Avent de 18 showcases à 19h30 du lundi au vendredi, toujours en cours.
De toutes nos activités, celles qui n’ont pu être rattrapées en ligne, ni même maintenues en public, sont les actions culturelles, qui nous importent pourtant beaucoup et font partie de nos missions d’ancrage territorial. Il était question de programmer des activités pour les jeunes du quartier sur la deuxième moitié de décembre, mais pour raisons sanitaires l’idée a été abandonnée.
Notre programme d’accompagnement et de résidence Variations est néanmoins maintenu dans sa totalité.
Comment abordez vous les prochains mois ?
Nous n’avons plus le temps d’envisager les choses sur le long terme, tant les annulations, reports et reprogrammations perpétuels monopolisent notre énergie. Dans nos métiers, nous sommes tenus de nous projeter, mais après une quasi-année blanche, nos méthodes et notre attitude ont changé. Ainsi, nous travaillons avec 3 ou 4 mois de visibilité, en imaginant des doubles scénarios en cas d’ouverture partielle au public ou non.
Nous travaillons avec 3 ou 4 mois de visibilité, en imaginant des doubles scénarios.
Janvier devrait être assez calme, étant donné que des travaux étaient prévus à FGO-Barbara. Pour février et mars, nous imaginons d’autres temps forts, voire une nouvelle édition d’Ici Demain, s’il est envisageable de la tenir en présentiel avec les partenaires du quartier. En mars se tiendront 3 jours d’événements musico-littéraires aux Trois Baudets avec le site Reading Wild, que j’envisage déjà de tenir en ligne.
Quel bilan tirez-vous du support livestream ?
Nous n’avons pas appris nos métiers pour les faire en ligne, donc l’adaptation s’est faite une certaine réticence, mais puisque c’est le seul outil dont nous disposons pour continuer notre mission de diffusion, nous l’utilisons.
Le format nous donne accès à un autre volume de public.
Nous en découvrons les subtilités, notamment en termes de droits d’auteur. Alors que nous avions suivi les recommandations d’autres équipes qui ont organisé des événements en ligne, la diffusion du premier concert d’Ici Demain a été interrompu au bout de 5 minutes par Facebook, mais pas par Youtube. Nous avions pourtant pris des précautions en termes d’autorisations des ayant-droits, mais un doute persistait sur un artiste, et cela n’a pas échappé à Facebook.
Il apparaît néanmoins que le format nous donne accès à un autre volume de public, que nous ne pourrions pas espérer en présentiel. Ici Demain été prévu pour une centaine de spectateurs par jour, en jauge réduite. Nous avons cumulé en ligne 20 000 spectateurs, ce qui nous permis de qualifier l’événement de succès malgré les conditions.