Festivals d’été : le Family Piknik veut tenter l’électro debout
Par Thomas Corlin | Le | Diffusion, booking
Voyant des encouragements dans les dernières annonces gouvernementales et chez certains festivals étrangers qui lancent leur billetterie, le réseau électronique français a soumis aux autorités un protocole sanitaire qui permettrait de faire des événements « debout ». Explications de Christophe Gimenez, directeur du festival Family Piknik à Montpellier (Hérault).
Dans quelles conditions le Family Piknik pourrait-il avoir lieu cette année ?
Comme d’autres festivals, sous avons interrogé notre public via un sondage en ligne. Parmi les 2 500 personnes qui ont répondu, 81 % ne viendraient pas à un événement assis, et 77 % seraient prêtes à aller à l’étranger pour aller à un festival s’il n’y en a pas en France cet été. Ainsi, pour des raisons liées à la nature de notre événement et à notre équilibre économique, nous ne ferons pas d’événement si nous sommes toujours contraints à le faire en configuration assise.
Le public se rendra aux festivals étrangers s’il n’y en a pas en France.
Nous avons été motivés par les dernières annonces du gouvernement concernant la mise en place d’un calendrier de réouverture pour la culture à partir de la mi-mai. Par ailleurs, les festivals électro étrangers ont lancé leur billetterie et certains affichent déjà complet - c’est le cas par exemple du Sonar à Barcelone. Nous craignons que si nos événements ne sont pas autorisés cet été dans les mêmes conditions, le public français aille à l’étranger, ce qui nuirait à l’économie de nos métiers déjà gravement touchés par cette crise, mais aussi à la situation sanitaire elle-même puisque cela favoriserait les déplacements internationaux.
Pour l’instant, ce qui est prévu est un étalement du festival en plusieurs soirées limitées à 5 000 personnes, les 18 juillet, 7 et 8 août et 18 septembre. L’affiche est à 90 % la même que celle de l’édition annulée de l’an dernier. Pour l’instant, nous avons obtenu le soutien de la nouvelle mairie de Montpellier, qui s’est engagée auprès de nous pour six ans en considérant que notre événement était important pour la ville.
Quel protocole sanitaire projetez-vous pour faire valider une configuration debout, pour l’instant interdite ?
L’association Technopol s’est rapprochée de Franck Molina, chercheur au CNRS qui a développé un test salivaire déjà utilisé chez Air France. 200 personnes peuvent être testées en une heure avec ce dispositif. En le multipliant, il serait possible de tester 2 000 personnes en une heure par exemple. En ajoutant à cela les spectateurs déjà vaccinés et les attestations de tests PCR négatifs, un protocole sanitaire solide devrait pouvoir être mis sur pied pour que 5 000 personnes puissent danser en toute sécurité dans un festival électro. Plusieurs festivals électroniques sont sur cette ligne, et Technopol sollicite régulièrement le Ministère de la Culture pour qu’il prenne en compte cette solution.
Économiquement, comment votre structure traverse-t-elle cette crise ?
Si nous ne maintenons pas notre événement cette année, nous devrons rembourser d’ici décembre les festivaliers qui ont choisi de garder leur billet de l’édition annulée l’an dernier. Nous avions vendu environ 200 000 euros de billets, et en avions remboursé 45 000. Si le festival n’a à nouveau pas lieu, le remboursement devra se faire d’ici décembre prochain, selon les mesures prises pendant la crise.
Nous avons été soutenus par la DRAC et la DGAC, à hauteur de 95 000 euros, mais cela ne couvre pas nos pertes. Nous avons néanmoins dû dédommager partiellement certains prestataires, comme l’entreprise à laquelle nous avions loué trois fois un chapiteau jamais installé puisque ces événements ont tous été finalement annulés.
Les contrats avec les artistes sont déjà signés.
Nous devons justifier de notre comptabilité pour toucher le reste des aides, notamment en ce qui concerne la TVA sur les sommes encaissées en 2020, mais déployées en 2021. Sur l’édition 2018, nous avions subi une annulation pour cause d’intempérie de la presque totalité d’une soirée, nos finances étaient donc déjà délicates.
Les contrats avec les artistes sont déjà signés - d’autres festivals étrangers ayant repris du service, nous n’avions d’autre choix que de bloquer leurs dates pour être sûrs d’avoir une programmation. Si nous devons essuyer une nouvelle annulation, nous compterons sur les compensations promises par le gouvernement.