Production

Avignon Off : l’édition 2022 presque au niveau de celle de 2019 !

Par Thomas Corlin | Le | Diffusion, booking

C’est officiel : Avignon, dont le festival Off prend fin le 30 juillet 2022, a repris ses couleurs. Le public et les finances de l’asso du Off sont revenus à des proportions d’avant-crise. Les mauvaises habitudes aussi, même si elles demeurent marginales, comme en témoigne Jeremy Bourges, membre de la structure à la tête du Off.

L’affichage sauvage a repris malgré l’arrêté municipal. - © Thomas O’Brien
L’affichage sauvage a repris malgré l’arrêté municipal. - © Thomas O’Brien

À quelques jours de la fin du festival, quel semble être le verdict de cette édition 2022 de toutes les attentes ? 

La plupart s’accorderont pour dire que c’est une édition satisfaisante. 2019 était un record, 2020 a été annulé, et 2021 était en demi-teinte, et, en fin de compte, 2022 s’avère bien plus proche de 2019 que de 2021. Tout a retrouvé ses proportions, le nombre de spectacles comme la fréquentation du public. Il est à noter néanmoins que le Off ne dispose pas de billetterie centralisée permettant de faire remonter des chiffres globaux.

Pour rappel, le Ticket Off ne concerne que quelques lieux et spectacles, il a été élaboré principalement pour tenter de réguler les billetteries privées, et pour reverser des bénéfices à la création de spectacles. Selon les années, nous réunissons 100 à 200 000 €. Cette année, nous pensons atteindre les 120 000, ce qui est tout à fait honorable dans ce contexte. 

Les ventes de Cartes Abonnement aussi sont assez enthousiasmantes, avec un score juste 10 % en-dessous du record de 2019. Nous en avons vendu 60 000 - ce que nous attribuons éventuellement au fait que les séjours des spectateurs sont plus courts et ne justifient pas leur acquisition, ou que certains s’y retrouvent avec les divers tarifs réduits à disposition à la vente au ticket. 

Comment se portent les caisses de l’asso du Off désormais ? 

Elles sont enfin à l’équilibre. Nous sommes restés prudents sur cette édition, le budget se basait sur des projections réalistes, et la restauration et le bar du Village du Off ont bien marché. 

Avec près de 1 500 spectacles, le Off a aussi retrouvé sa surabondance. Est-il vrai que certaines compagnies ont baissé leur tarif aussi bas qu’1 euro pour s’attirer du public ?

Hélas oui, notamment au début du festival, selon une stratégie quelque peu boiteuse visant à attirer du monde facilement sur les premières dates pour créer du bouche à oreille - sans surprise, ça ne marche pas. C’est encore un comportement généré par l’éternelle sur-concurrence du festival, qui pousse certaines compagnies à jouer le tout pour le tout. Il faut rappeler qu’en proposant des places à 1 €, ces compagnies en viennent pratiquement à payer pour jouer. Ce type de pratique assez triste rappelle l’importance d’un encadrement de la billetterie dans le Off.

Qu’en est-il des pratiques des lieux pendant cette édition ? 

Certaines tactiques douteuses ont été relevées… auprès des compagnies et non des lieux !

Certaines tactiques douteuses ont été relevées, bien que tout à fait marginales, non pas auprès des lieux, mais de certaines productions et compagnies. Le principe des Cartes Abonnement est de donner accès à une réduction de 30 % à tous les spectateurs qui se présentent. Certaines productions, considérant que leurs bénéfices étaient trop amoindris, ont appliqué des jauges à ces tarifs, ce qui est tout à fait contraire à la charte que nous avons mise en place. Si certaines productions ne sont pas satisfaites de la Carte Abonnement, pourquoi y souscrivent-t-elles ? 

Vous avez mené une expérience de logements particuliers à loyers bas et de tarifs réduits pour les compagnies dans certains restaurants, comment s’est-elle soldée ?

C’était une année test pour ces dispositifs, qui n’en sont pas encore tout à fait puisque leur ampleur était très réduite. Sept restaurants ont participé et, contrairement à ce qui était craint, ils n’ont pas été débordés - la plupart des compagnies, débordées d’infos, n’avaient pas eu vent de cette opération. 

Une cinquantaine de régisseurs et acteurs ont été logés chez des particuliers, et cela s’est très bien passé. Nous ne déplorons que deux annulations de dernière minute, fort regrettables, de la part de deux personnes prévues dans les hébergements, qui se sont désistées pour des loyers moins chers encore.

Qu’en était-il de l’affichage sauvage ? 

Je n’ai pour l’instant pas eu vent de contraventions, mais l’arrêté municipal était particulièrement restrictif cette année. Les compagnies disent tenter de jouer le jeu, mais renoncent lorsqu’elles voient tous les emplacements occupés, et fixent leurs affiches sur des panneaux, des gouttières, des arbres…