Juridique, rh

« Un ressenti de la Covid-19 propre au secteur de la culture » (CD Markus,Centre Médical de la Bourse)

Par Thomas Corlin | Le | Rh, formation, intermittence

Dès le début de la crise sanitaire, le Centre Médical de la Bourse a ouvert plusieurs cellules de soutien dédiées aux professionnels de la culture, portant autant sur la santé physique que mentale. Alors que démarre une nouvelle phase de confinement, le Docteur Claude-David Markus, coordinateur national, revient sur les dispositifs déjà en place.

Le Pôle Santé Bergère du Centre Médical de la Bourse - © D.R.
Le Pôle Santé Bergère du Centre Médical de la Bourse - © D.R.

Comment les services du CMB se sont mobilisés face aux conséquences de la crise sur le secteur culturel ?

Nous sommes un centre médical de prévention, mais nous pouvons aussi rediriger vers une cellule de psychiatres.

Claude-David Markus : Une cellule Covid a tout de suite été créée, en partie sur des questions de santé, puis sur le soutien psychologique, et ceci pour tous les secteurs professionnels. Les risques psychosociaux au travail décuplent avec la crise, et nos psychologues spécialisés sont à l’écoute. Ils peuvent d’ailleurs être contactés à l’adresse covid-psychosocial@cmb.asso.fr. 

Cette cellule comprend aussi des infirmières, peut aussi rediriger vers des assistantes sociales selon les cas de figure. Nous sommes un centre médical de prévention, mais nous pouvons aussi rediriger vers une cellule de psychiatres. 

Nous collaborons également avec le CFPTS autour d’une formation sur les risques de la Covid-19, dans laquelle j’interviens. Elle accueille par groupe de quinze les personnels (régisseurs, directeurs techniques, etc) qui peuvent être amenés à être « référents Covid ». 

Quelles ont été les demandes les plus fréquentes au fil de cette année ? 

La première vague a d’abord porté sur la surcharge de travail pour le personnel administratif qui a dû gérer toutes les conséquences, les reports, les annulations, les projections de budget et les demandes de soutien dans le cadre de la crise. 

Logo du CMB - © D.R.
Logo du CMB - © D.R.

Bien sûr, ce furent toutes les questions touchant directement au virus lui-même qui nous ont beaucoup occupé : gestion, tests, protocoles sanitaires, ergonomie du télétravail, etc. Avec la reprise, il s’agit surtout d’expliquer ce qu’est un cas contact, et quelles mesures doivent suivre. Nous mettons à jour une foire aux questions sur notre site couvrant tous ces sujets. Tout ceci est désormais rentré dans le quotidien du secteur, et la Covid-19 est désormais un chapitre comme un autre du document unique d’évaluation des risques (DUERP) des lieux de spectacle. 

Du côté du psycho-social, le télétravail a beaucoup posé question, notamment sur les conditions domestiques et l’isolement. Aussi, plusieurs problèmes déjà latents avant le confinement ont resurgi avec l’évaporation du lien professionnel. Enfin, il y a eu beaucoup de détresse à traiter chez certains employeurs qui se sont retrouvés en rupture de paiement. 

Quelles spécificités identifiez-vous auprès des professionnels de la culture ?

Le secteur du spectacle a tout fait pour s’adapter coûte que coûte.

Qu’il s’agisse d’intermittents ou de permanents, d’artistes ou du personnel des lieux, les métiers de la culture sont le plus souvent des métiers de passion, et il est donc difficile de demander aux gens de changer de passion. Le spectacle est pratiquement à l’arrêt aujourd’hui, malgré une maigre reprise à la rentrée dernière. 

C’est une population plus sensible, plus exposée à la précarité, qui dépend très fortement de son activité. Il y a un ressenti psychopathologique propre à ce secteur. Un artiste d’une certaine stature que j’ai eu en consultation individuelle il y a peu, s’est montré démuni non pas, le concernant, pour des raisons de survie matérielle, mais plus par absence d’activité, par son manque de scène. 

Le secteur du spectacle a tout fait pour s’adapter coûte que coûte à la crise en jouant dans des conditions contraignantes. Mais il y a probablement des limites à ce qui peut être fait dans ces conditions, et nous les ressentons désormais, même avec un reconfinement moins strict. Cette fois-ci les répétitions continuent, les techniciens travaillent, mais le public n’est plus là, et c’est toujours plus dur à affronter.