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Musiques actuelles : quel rebond pour les formations ? Le point avec l’Atelier de Cédric

Par Thomas Corlin | Le | Rh, formation, intermittence

Coach des métiers de la musique, Cédric Tilèpe dirige Tempo, formation destinée aux jeunes artistes, et organise également des rencontres avec le réseau. Il partage ses doutes et ses pronostics sur l’après-pandémie pour les musiques actuelles.

Formation Tempo au Trianon - © Cédric Tilèpe
Formation Tempo au Trianon - © Cédric Tilèpe

Comment le programme de formation Tempo a-t-il été affecté par la situation actuelle ?

Tempo est une formation mensuelle (ou éventuellement plus rapprochée) et la dernière session de trois jours a eu lieu dans les locaux de Studio Bleu à Paris le dernier week-end avant le confinement. Étant montée en SARL, elle a pu prétendre à l’aide mise en place pour les structures indépendantes. Elle reprendra peut-être le 18 juin, ou le 9 juillet, ou à la rentrée. 

Le contenu et la forme de ce programme pourront-ils s’adapter à la crise ?

Je ne suis pas convaincu par l’enseignement en ligne. Selon moi, il perdrait en qualité. Certains points de la formation nécessitent des réponses au cas par cas, en face à face, comme lorsque l’on explique les contrats d’édition aux jeunes artistes, qui peuvent parfois y être réticents dans un premier temps. Cependant la situation est exceptionnelle, et je pourrais changer d’avis et accepter de trouver une formule en ligne. 

Quant au contenu, il est déjà très dynamique puisque le métier change beaucoup, malgré quelques invariants. Cette fois-ci, il faudra également prendre en compte la question de ce que l’on pourra faire demain, mais il est encore trop tôt pour l’envisager. Il faudra en tout cas être très honnête avec les artistes et ne rien leur cacher de l’immense difficulté que va rencontrer le secteur. 

Comment les artistes émergents pourraient-ils voir le métier se transformer ?

Cédric Tilèpe de l’Atelier de Cédric - © D.R.
Cédric Tilèpe de l’Atelier de Cédric - © D.R.

Il va y avoir un tsunami dans pratiquement tous les métiers du domaine musical. La production souffrira peut-être moins parce qu’elle peut encore bénéficier de subventions, l’illustration sonore également, mais les autres branches vont connaître un bouleversement. Cette crise risque d’accélérer la transformation du métier d’artiste. Il ne pourra définitivement plus se contenter d’être un artiste-compositeur-interprète, mais se devra d’être expert en marketing digital, de réaliser rapidement de belles vidéos, etc. Hélas, de nombreux artistes en développement devront peut-être abandonner leur projet.

Vous avez lancé un stream quotidien avec des pros de la musique pendant la crise, « De 17 à 18, en parlant du 19 !  ». Qu’est ce qui inquiète le plus le secteur ?

De l’avis général, c’est l’absence de planning qui déstabilise le plus. La musique, et la culture en général, fonctionnent sur un temps long, elle ne vend pas des steaks hachés. Le rétroplanning est devenu la norme dans le secteur, et il est rendu impossible par la crise actuelle. Même une fois que des dates de reprise seront fixées, il faudra un temps de réadaptation pour relancer les projets. Heureusement, la culture est un milieu de passionnés, elle a donc une forme de courage propre, même si c’est parfois dérisoire dans ces circonstances.