Groupements d’employeurs : les emplois mutualisés limitent l’impact de la crise en Nouvelle Aquitaine
Par Thomas Corlin | Le | Rh, formation, intermittence
En Nouvelle Aquitaine, un groupement d’employeurs du secteur culturel, l’AGEC, a pu éviter le chômage partiel pendant la crise sanitaire en redéployant certains de ses postes sur différentes structures.
Le groupement d’employeurs, rempart aux effets de la crise sanitaire ? C’est en tout cas grâce à ce dispositif désormais bien rôdé que les adhérents du groupement Agec & Co, en Nouvelle Aquitaine, ont pu conserver une activité quasi-totale pendant tout le confinement. Alors que de nombreux employés ont été privés d’activité, l’Agec a pu rapidement redéployer certains d’entre eux sur différentes structures adhérentes, selon les besoins du territoire. Ainsi, la responsable administrative de deux compagnies de théâtre a pu venir en aide au Groupement d’Intérêt Professionnel de Bordeaux Métropole Médiation pendant la période.
Le groupement d’employeurs (GE) est un regroupement de structures solidaires créé par la loi du 23 juillet 1985, et très répandu dans le domaine agricole. Au fil du temps, il s’est étendu à d’autres domaines, dont la culture, qui compte désormais une soixantaine de GE en France. Cette configuration permet ainsi la mobilité de salariés dont l’emploi du temps peut ainsi se découper entre plusieurs structures qui ont besoin des mêmes compétences sur un territoire donné.
« Dans le champ culturel, les emplois les plus demandés sont nécessairement les »fonctions supports« comme l’administratif et les ressources humaines, note Jean Dalichoux d'Asparagus, qui travaille dans l’accompagnement de groupements d’entreprises. Mais il n’y a virtuellement pas de limites au type de poste mutualisable. Pendant le confinement, 3 associations ont monté un GE qui vise à embaucher un directeur artistique en temps partagé. »
L’AGEC existe depuis 15 ans et réunit 98 adhérents du secteur culturel et de l’économie sociale et solidaire en Nouvelle Aquitaine. Y sont réunis compagnies, lieux, festivals, cinémas indépendants, sociétés de production audiovisuelle, librairies ou associations d’éducation. 30 % des adhérents travaillent dans le spectacle vivant. L’adhésion coute entre 200 à 800 €, et 90 % de ses employés sont en CDI. Contrairement à l’intérim, un GE engage solidairement ses adhérents à se porter responsable de toute éventuelle dette de salariat, ce qui n’est jamais arrivé jusque là à l’AGEC.
« La rapidité de la redistribution de certaines compétences, ce système de vases communicants, ce n’est possible qu’en ayant une connaissance fine des besoins et de la réalité du travail de toutes les structures de l’Agec, explique Nathalie Redant, qui en dirige à plein temps toutes les activités après avoir travaillé dans une structure adhérente. Longtemps, la question de l’emploi n’a pas été traitée à sa juste valeur dans notre secteur, le Groupement d’Employeurs y répond en partie. »
L’Agec est adossé à un pôle de compétence qui dispense également des formations et du conseil à ses adhérents et au-delà, et encourage la mise en réseau et les transferts de savoir-faire entre structures. Le modèle a donc porté ses fruits tout au long de l’épisode critique que traverse la culture, et devrait participer à en limiter les effets sur le long terme.