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440Hz : musique et gestion des droits pour l’audiovisuel

Par Thomas Corlin | Le | Droit d’auteur

Ex-responsable des droits musicaux chez Gaumont, Quentin Boniface a lancé en janvier 440Hz, une plateforme qui gère les droits musicaux pour les utilisations d’œuvres par le secteur audiovisuel, et propose des services d’édition et de production exécutive. Même en période de crise, la structure a signé de nouveaux clients issus du secteur.

440HZ a assuré la production de la musique du film « Le Discours » de L. Tirard (Films Sur Mesure) - © D.R.
440HZ a assuré la production de la musique du film « Le Discours » de L. Tirard (Films Sur Mesure) - © D.R.

Comment fluidifier les rapports entre le secteur audiovisuel et les producteurs de musique ? C’est la question à laquelle Quentin Boniface, ancien directeur du département musique chez Gaumont, essaie de répondre en lançant 440Hz, plateforme de gestion des droits musicaux. « Nous faisons parfois face à certaines incompréhensions, comme lorsque des producteurs refusent de payer les créateurs, jugeant qu’ils seraient suffisamment  rémunérés par les droits d’auteur, rapporte-t-il. Il y a aussi beaucoup de fantasmes, comme celui de récupérer des sommes colossales en plaçant une musique sur un programme, alors qu’il ne sera diffusé que sur des chaînes confidentielles. Notre position est celle d’un intermédiaire entre ces deux mondes, qui rétablit de la transparence. »

Une plateforme unique permettant la gestion des droits d’auteur dans la musique à l’image, mais aussi l’édition et la production de musique originale.

Lancé en janvier 2020, le projet a été conçu comme une plateforme unique permettant la gestion des droits d’auteur dans la musique à l’image, mais aussi l’édition et la production de musique originale. L’outil propose ainsi de faciliter une masse toujours dense d’informations et de démarches. « Les producteurs audiovisuels ont des droits musicaux à gérer provenant de l’édition musicale, des masters, des synchronisations, des cessions de droits, relève Quentin Boniface. Mais ils n’en sont pas toujours conscients et n’ont pas les ressources en interne pour le gérer. Ainsi, ils n’exploitent pas toute la valeur de leurs actifs, ou prennent même des risques en n’exploitant pas certains droits. »

En premier lieu, 440Hz s’applique à gérer toute l’administration des droits d’édition musicale concernant les œuvres figurant dans des productions audiovisuelles, en facilitant les démarches à des structures de production ou des producteurs de musique qui n’en connaissent pas forcément les rouages ou sont débordés par leur volume. « Un de nos clients avait 3 à 4 000 titres à déposer par an, ce qui représente énormément de travail, raconte Quentin Boniface. Nous avons automatisé ces démarches en ayant accès aux données de chaque fichier son à déposer, et en générant pour la Sacem les informations correspondantes via une appli maison. » L’outil de 440Hz permet également de simuler et de quantifier les droits à retirer de l’exploitation d’un titre déposé. 

logo 440HZ - © D.R.
logo 440HZ - © D.R.

L’optimisation de la collecte des droits fait également partie des compétences de la plateforme, au niveau national mais également à l’étranger, une prestation qui nécessite le développement d’une technologie puissante. « Nous suivons la diffusion d’une œuvre en France comme à l’étranger, et procédons à la réclamation des droits aux organismes de gestion collective dans les pays concernésNous avons embauché des développeurs qui travaillent à automatiser en masse l’exploitation des données de diffusion. »

Temps Noir (documentaire), Toon Factory (dessin animé) et Pyramide Productions (long métrage) se sont ajoutés à la clientèle de la plateforme.

Pour quelques clients, 440Hz gère aussi la sortie de BO, voire la production exécutive de musique en s’appuyant sur un réseau d’ingénieurs du son, de musiciens et de compositeurs. La structure a assuré la production exécutive de la bande-son du film Le Discours de Laurent Tirard, présenté en sélection officielle au Festival de Cannes cette année, et travaille présentement sur une musique de série pour une plateforme de streaming. 

Quentin Boniface, fondateur de 440HZ - © D.R.
Quentin Boniface, fondateur de 440HZ - © D.R.

Portée par six personnes, la plateforme n’a pas été particulièrement affectée par la crise sanitaire. « Plusieurs de nos clients producteurs ont vu leurs tournages interrompusdécrit Quentin Boniface, mais cela leur a permis d’avoir le temps de discuter des stratégies que nous pouvons mettre en place pour valoriser leurs actifs. Nous avons aussi offert des avances à certains d’entre eux. »

440Hz cumule désormais les signatures de contrat avec diverses structures de production et des accords dont les montants varient selon les prestations et la taille des entreprises. Dernièrement, Temps Noir (producteur spécialisé dans le documentaire), Toon Factory (dessin animé) et Pyramide Productions (long métrage) se sont ajoutés à la clientèle de la plateforme. « Ce sont toutes des structures issues de l’audiovisuel, relève Quentin Boniface. C’est dans ce domaine que nous sommes le plus légitimes, mais nous n’excluons pas à l’avenir de nous ouvrir à d’autres domaines. »